Dernier atelier d'écriture hier: bon repas, fous rires, et rétrospective sous forme de lecture plaisir.
Voici une petite sélection de textes courts issus des ateliers de l'année scolaire 2011-2012.
Atelier d'écriture du 27/09/2011
Consigne : souvenirs d'automne
Je me souviens des marrons lisses et brillants, doux et ronds, agréables dans la paume, que nous ramassions à la sortie de l'école lorsque j'étais enfant. Encore maintenant, je ne peux résister au plaisir d'en glisser un dans ma poche, le plus beau de tous, avec le sentiment agréable de retrouver mon enfance.
Atelier d'écriture du 10/10/2011
Consigne : si j'étais... (portrait chinois)
Si j'étais un élément, je serais l'eau qui ruisselle, qui s'infiltre, qui est source de vie, depuis la poche du foetus jusqu'à celle que l'on boit et qui irrigue chacune de nos cellules. Depuis la plus infime bactérie jusqu'à la baleine bleue géante des océans. De celle qui caresse chaudement les coraux des mers tropicales à celle qui goutte des glaciers. Le manchot empereur glisse sur mon dos, le dauphin me chatouille de son sonar ultrasonique, le requin déplace une onde de terreur, l'algue se meut paresseusement en mon sein. Quand la chaleur m'évapore, je découvre de nouveaux horizons, cotonneuse dans le ciel, puis me scindant en milliers de goutelettes, j'imbibe la terre pour accomplir le cycle de la vie.
Atelier d'écriture du 10/11/2011
Consigne : elle / il (dans le style d'Albane Gellé)
Elle
coupe, hache, émince, épluche, dans un nuage odorant de vapeurs de cuisson où se mêlent, suaves et subtils, les épices et aromates aux légumes du jardin.
Il
peste après le dérouleur de scotch vide, les ciseaux qui coupent mal, le crton qui refuse de se plier où il le souhaite et à son désir créatif, baeau, robot, avion ou phare, à ce stade tout est encore possible. Et la ficelle tombe pour la dixième fois.
Elle
cherche les ciseaux pour hâcher la ciboulette, le persil, l'aneth, « mais où sont-ils donc, enfin, je les avais posés là, il y a un instant, les as-tu vus ? Dépêches-toi, j'en ai besoin ! ».
Il
voudrait de l'aide, mais en même temps n'en veut pas, voudrait créer, la perle rare, être inventeur, créateur, génie, ingénieur, ingénieux, de ceux qui trouvent des solutions, mais sans chercher ça serait mieux, beaucoup mieux.
Elle
voit l'heure tourner, les légumes griller, attacher, sentir le brûlé, le rôti oublié pas encore décongelé, la margarine qui se débine, le miel fini sur une tartine, et plus de farine. Il va falloir improviser !
Il
pique une crise, une énième crise, car sans trombone il n'y arrive pas. Et l'agrafeuse ne marche pas. Et sa mère qui ne l'aide pas. Mais pourquoi ne vient-elle pas ?
Elle peste
Il crie
Elle court
Il jette, piétine, écrase, émiette
Elle lui demande de se calmer
Il aimerait bien lui demander d'en faire autant
La liste à commissions s'allonge :
-
du scotch
-
de la margarine
-
des trombones
-
de la farine
-
des agrafes
-
pâte à pizza
Pas de quoi en faire tout un plat !
Atelier d'écriture du 17/01/2012
Consigne : dans le style d'Alain Lepreste (chanson)
C'est peut-être Barjavel
avec son imagination
ce gamin trop rebelle
qui écrit sans ponctuation
Jamais on le saura
18 en rédaction
dictée à la poubelle
collé pour insubordination
pas assez conventionnel.
C'est peut-être Kersauzon
traversant l'océan
ce gamin un peu rond
avec ses rêves d'enfant
Jamais on le saura
Quand on habite Châlons
et pas à Carentan
on joue plutôt au ballon
qu'à suivre les vents
C'est peut-être Coluche
avec son humour fou
ce gamin qui fait rire
ses camarades de classe
Jamais on le saura
si dès qu'il est debout
il se fait punir
pour son insolente audace
Atelier d'écriture du 12/06/2012
Consigne : à la façon des poèmes de Robert Desnos
"L'Hélébore"
L'Hélébore abhorre l'hiver
et pourtant la Primevère
sa soeur printanière
lui envie sa robe ponctuée
qui l'hiver se déploie
éclaboussant de joie
la grisaille des bois.
L'Hélébore arbore son feuillage vert
à la saison où s'endort
sous son manteau de neige
la végétation indolente et sévère.